Le Greenwashing est en effet plus présent que jamais! Avec les consommateurs intégrant la sustainability comme un levier d’achat décisif, les start-ups agiles qui se lancent et les grands groupes qui essaient de répondre, communiquer sur son plan d’actions positif devient clé et tout le monde s’y met. Nous avons créé un collectif d’experts dans le Marketing, le Développement produit, le Digital, la Finance, les aspects Règlementaires, la RSE, … et des expériences dans des grands groupes et des start-ups. Notre objectif est de combattre le Greenwashing, identifier des solutions véritablement durables et réinstaller de la transparence.

Dans notre nouvel article Ghizlane Jougleux, chimiste de formation et experte en affaires réglementaires dans le domaine des détergents, et membre du collectif, prend la parole sur le Greenwashing dans les détergents:

Ceci n’est pas du plastique

Aujourd’hui, je tiens à partager avec vous une campagne de désinformation visible sur le net depuis plusieurs mois.

Si vous avez un compte Instagram, Facebook, LinkedIn ou même Youtube il vous est impossible d’y échapper. Vous avez probablement vu une de ces pubs ou « ads » (pour les habitués de la com), qui vous expliquent que le film en plastique des doses de lessives ou tablettes lave-vaisselle n’est pas du plastique !?!

Une question me taraude, comme pour l’œuf et la poule … qui a commencé le premier ?

On ne le saura jamais ! Mais une chose est certaine, cette fausse revendication se propage très vite, trop vite pour ne pas attirer notre attention.

Essayons de remettre les choses dans leur contexte. L’idée n’est pas de vous faire un cours de réglementation ou de chimie macromoléculaire (ouuhh ça fait peur), mais il est nécessaire de préciser certains points avant de continuer.

Puisse que c’est bien sur le manque d’expertise des consommateurs que ces marques surfent pour désinformer …. Ou manquent-elle elles-mêmes d’expertise ? On ne peut en juger en l’état, mais on est bien d’accord, on ne peut pas être expert en tout alors on vous explique !

Reprenons ensemble la définition d’un plastique au sens de la directive européenne : 

Plastique : « matériau constitué d’un polymère tel que défini à l’article 3, point 5), du règlement (CE) n o 1907/2006 (REACH pour les intimes), auquel des additifs ou autres substances peuvent avoir été ajoutés, qui peut jouer le rôle de composant structurel principal de produits finaux, à l’exception des polymères naturels qui n’ont pas été chimiquement modifiés ».

Et pour la définition du polymère, petit détour sur le règlement (CE) n o 1907/2006 :

« «polymère»: une substance constituée de molécules se caractérisant par la séquence d’un ou de plusieurs types d’unités monomères. Ces molécules doivent être réparties sur un éventail de poids moléculaires, les écarts de poids moléculaire étant dus essentiellement aux différences de nombres d’unités monomères. »

Bon je vous le concède … ce n’est probablement pas plus évident pour vous à la lecture de ces définitions.

Mais comme le précise à juste titre ces marques, la seule véritable information qu’ils vous concèdent c’est que ce film qui emballe leur produit est composé de PVOH ou PVA couramment appelé le polyvinyle alcool, un polymère synthétique soluble dans l’eau qui répond parfaitement à la définition d’un polymère selon le règlement REACH.

Pas besoin d’aller plus loin ou de débattre sur qui de l’œuf ou la poule …  Leur revendication est tout simplement fausse et scandaleuse puisque ce film et bien du plastique et en plus il n’en est pas moins dangereux pour l’environnement ! En tout cas le contraire reste encore à prouver.

Certes il peut être qualifié de biodégradable selon la norme OCDE 302B mais cette biodégradabilité n’est pas totale comme ils le prétendent. (s’ils utilisent ces termes ils devraient détailler)

On peut lire ici ou là sur leurs réseaux sociaux que « ça se dégrade en eau » , « le film n’est pas dangereux pour les milieux aquatiques » , etc …

Ces informations peuvent être qualifiées de mensongères donc passibles de poursuites.

Et si vous avez eu la chance de lire le première article très complet de notre collectif qui traite des différents types de greenwashing, vous pourrez reconnaître ici au choix le greenwashing de type « Mensonge publicitaire » (si l’on part du postula que les marques en questions le font en toute connaissance de cause)  ou le greenwashing aléatoire : communiquer sans vérifier ces sources ?

Et qu’en est-il de la concurrence déloyale ? Puisque pour la petite histoire, ce film est utilisé depuis de très nombreuses années par de grandes marques historiques. Il ne s’agit pas d’une innovation de ces 12 derniers mois …

Comment pouvons-nous expliquer qu’ils désinforment en toute impunité sur les réseaux sociaux sans s’inquiéter d’éventuels contrôles des autorités ?

Tout laisse à penser qu’Il existe chez ces marques un process décisionnel qui intègre le concept de risque juridique.

Selon Christophe Collard, professeur à l’EDHEC le risque juridique se définit comme « la rencontre entre une norme juridique et un événement, l’un et/ou l’autre étant frappé(s) d’incertitude (incertitude juridique et/ou factuelle) générant des conséquences pouvant affecter la valeur stratégique, financière ou institutionnelle de l’entreprise. »

Pour ces entreprises, la chance d’être contrôlées par les autorités versus le risque encouru en vaut apparemment la chandelle car en attendant elles génèrent un chiffre d’affaire en profitant de ces fausses revendications qui leur donne un avantage certain à une époque ou le plastique à mauvaise presse.

Mais qu’en est-il de l’éthique ? Je vous laisse en juger …

Pour finir, afin que cet article puisse être accueilli avec le crédit qu’il mérite il me tient à cœur de préciser que je suis la cofondatrice de Mutyne, une marque de produits d’entretiens éco-conçus. Précision utile afin de lever le doute sur le caractère « partisan » ou sur l’objectivité de cet article. D’ailleurs, à date notre tablette lave-vaiselle utilise ce fameux film plastique à base de PVOH, choix que nous assumons pleinement.

C’est donc bien en qualité de personne physique, et non pas au nom de Mutyne que je rédige ces quelles lignes.

Si vous êtes une marque et que vous avez besoin de conseils, d’accompagnement pour éviter les pièges du greenwashing ? Notre collectif anti-greenwashing est à votre disposition.

Vous êtes un consommateur et doutez de la véracité d’une revendication marketing ? N’hésitez pas à partager avec nous les visuels des produits en question –> contact@urbanmeisters.com

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